
Frank Rodi | Les Versants
Ministre de la Culture et des Communications
La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, nous a accordé une entrevue. Retour sur la culture en 2020.
La culture en a ‘’mangé un coup’’ au cours de l’année de la pandémie de COVID-19. Les artistes et les artisans ne l’ont pas eu facile, alors que l’accès à leurs lieux de diffusion a été interdit par la santé publique. Quelque 10 mois plus tard, ils le sont encore, d’ailleurs.
« Pour la culture, je résumerais l’année 2020 par le mot ‘’résilience’’, répond d’emblée la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy. Je trouve que nos artistes ont fait preuve d’une grande résilience. »
Faut-il aussi mentionner que ceux-ci ont eu le mandat, de la part du premier ministre François Legault, de se réinventer?
La ministre reconnaît que c’est très difficile pour tout le milieu culturel, encore aujourd’hui, et ce, depuis que tout est fermé et que les rassemblements sont proscrits. « Les arts de la scène ont été au cœur de ce qui est interdit. Nous avons dû fermer dès le départ les théâtres, les salles de spectacles, les cinémas, mais combien de cas supplémentaires si cette décision n’avait pas été prise? » se questionne Nathalie Roy.
Faire autrement
La députée provinciale de Montarville rappelle que la culture est en perpétuelle évolution et que c’est dans l’adversité que naissent les œuvres. « Les artistes ont continué de travailler, poussés par ce désir de créer et de s’exprimer dans la résilience. » Nathalie Roy salue d’ailleurs l’ingéniosité de Damien Robitaille, « dont les performances sur les réseaux sociaux ont été vues partout sur la planète ».
« Pour la culture, je résumerais l’année 2020 par le mot ‘’résilience’’. Je trouve que nos artistes ont fait preuve d’une grande résilience. » -Nathalie Roy
Cette évolution a permis d’arriver avec de nouveaux projets numériques (dans le cadre de son Plan de relance économique du milieu culturel, l’enveloppe allouée dans le but de réaliser ses ambitions numériques grimpe à 14 M$). Par exemple, avec la plateforme lepointdevente.com, une salle virtuelle pour les spectacles et les pièces de théâtre en ligne. « Ça fonctionne au-delà des espérances de ceux qui ont mis cela sur pied. Ce type de plateforme attire un nouveau public, donne des résultats et offre des outils supplémentaires aux artistes », soutient Mme Roy. Le numérique et les arts numériques sont des outils « et non une menace aux arts de la scène », estime la ministre. Une formule qui permettra aux gens concernés d’aller chercher des revenus supplémentaires en temps venu, lorsque la pandémie sera terminée et que les concerts en salle auront repris. « Un artiste qui se produirait en salle comble peut faire une captation de son spectacle, déposer sa performance sur lepointdevente.com, vendre des billets et récupérer des revenus de plus. Ça fonctionne! »
Dans une lettre ouverte envoyée au journal Les Versants le 27 novembre, la ministre de la Culture et des Communications déclarait : « Le numérique a permis aux artistes d’amener l’art dans nos foyers. On trouve désormais en ligne des contenus et des prestations de toutes formes et de toutes disciplines qui permettent de se gâter, de se faire plaisir, seul ou en bulle familiale. »
En plus de la plateforme lepointdevente.com, on pense aussi à l’Espace Yoop, au théâtre en webdiffusion du TNM, aux concerts virtuels des grands orchestres, dont l’Orchestre symphonique de Longueuil, aux livres québécois offerts en version numérique sur leslibraires.ca, aux expositions virtuelles des musées, aux films québécois proposés sur diverses plateformes… « Ce n’est qu’un aperçu de tout ce qui est accessible! »
Les organismes
Outre les artistes, elle évoque aussi l’année difficile vécue par les organismes culturels et communautaires. Les organismes tels l’Association des artistes peintres affiliés de la Rive-Sud (AAPARS), Théâtre Saint-Bruno Players, Harmonie Mont-Bruno, Minta Saint-Bruno/Saint-Basile, Club photo Évasion, Cercles de fermières, Vox Terra… « Du plus petit au plus grand, ç’a été difficile pour tout organisme », poursuit Nathalie Roy.
Sans rassemblement possible pour ces organismes, comment organiser des soirées vins et fromages ou des soupers spaghetti en guise de campagnes de financement? « Nous les suivons à la trace afin de les aider le mieux possible », soutient-elle.
Quand on lui demande si elle craint la fin de certains de ces petits organismes étant donné la situation, la ministre de la Culture et des Communications répond qu’elle n’espère pas. « Je ne crois pas, du moment qu’ils ne possèdent pas de locaux ou très peu de frais fixes. Ce sont des bénévoles. Les organismes vont s’en sortir s’ils n’ont pas de frais fixes. Lorsque toute cette pandémie sera terminée, pour ces organisations, ce sera ‘’On recommence et on repart!’’ Je suis optimiste. »
Le vaccin de l’espoir
Avec l’arrivée du vaccin contre la COVID-19, elle entrevoit l’espoir pour 2021. Au Québec, la campagne de vaccination s’est amorcée lors de la semaine du 14 décembre. Puis la santé publique de la Montérégie a commencé à vacciner le personnel de la santé dans les CHSLD de la Montérégie les 23, 24, 26 et 27 décembre. « Le vaccin nous permettra le déconfinement et la réouverture des grands secteurs. Pour le milieu de la culture, je vois la lumière au bout du tunnel, les projecteurs se rallumer et des levers de rideau, dit-elle, optimiste. C’est avec le cœur à la fête que j’entame 2021! »